L’importance du sens

« LEGIO PATRIA NOSTRA » (« Légion notre patrie »), la devise de la Légion étrangère. Trois mots tout simples mais porteurs de sens pour les membres de ce corps créé en 1831. C’est l’incarnation de cette devise, au quotidien, qui donne du sens et pousse à l’engagement total ces hommes « devenus fils de France non par le sang reçu mais par le sang versé » (d’après le poème de Pascal Bonetti – « Le volontaire étranger » – 1920).

 

C’est aujourd’hui la commémoration annuelle du combat de Camerone.

 

Le 30 avril 1863, durant la campagne du Mexique, une soixantaine de légionnaires et leurs trois officiers résistèrent pendant une journée aux assauts de 2 000 soldats mexicains, permettant ainsi au convoi qu’ils avaient pour mission de protéger, de parvenir sans encombre jusqu’à Puebla, sa destination.
A la nuit tombante, à court de munitions, les 6 légionnaires survivants acceptèrent de se rendre à condition de garder leurs armes et de pouvoir soigner leurs camarades blessés.

 

Aujourd’hui encore, les militaires mexicains présentent les armes lorsqu’ils passent devant le monument érigé en 1892 sur le site du combat.

 

Fait historique, l’armée mexicaine accepta cette reddition « arme à la main » et salua ces hommes pour leur bravoure et leur solidarité. Aujourd’hui encore, les militaires mexicains présentent les armes lorsqu’ils passent devant le monument érigé en 1892 sur le site du combat. L’inscription suivante a été rajoutée par la suite sur le mémorial :

Ils furent ici moins de soixante
Opposés à toute une armée.
Sa masse les écrasa.
La vie plutôt que le courage
Abandonna ces soldats français
À Camerone le 30 avril 1863

 

Cette bataille illustre à merveille l’esprit Légion, si méconnu de l’extérieur.

 

C’est lui qui amena un de mes légionnaires à se jeter délibérément sur des barbelés, lors d’un EXERCICE à l’étranger, pour permettre à ses camarades de lui passer sur le corps afin de prendre d’assaut une petite baraque.Lorsque le général commandant ce camp de Marines me demanda, le soir, comment un homme pouvait s’engager, à ce point, dans le cadre d’un simple exercice, je lui parlai de sens et d’incarnation des valeurs & principes.Je lui présentai la devise, « LEGIO PATRIA NOSTRA », et lui expliquai la manière dont elle est INCARNÉE à tous les niveaux de l’organisation.

 

Car dans le contrat moral qui unit la Légion à ses hommes, elle s’engage à ne jamais abandonner les siens.

 

A l’issue de la longue et dure formation initiale, les jeunes légionnaires se voient remettre le fameux képi blanc, devenu symbole de ce corps.

Juste avant que les nouvelles recrues ne rejoignent leur régiment opérationnel d’affectation, chaque nouvelle promotion est alors envoyée à Aubagne, où elle est reçue par le général commandant la Légion étrangère.

 

Après avoir visité le Musée de la Légion, les jeunes légionnaires sont accompagnés dans la crypte, dans laquelle on entre képi à la main.

 

Dans cette salle chargée d’histoire, figurent, en lettres d’or, les noms des légionnaires morts pour la France depuis 1831. Là, s’adressant à eux, le général leur explique que les noms de certains d’entre eux seront peut-être inscrits, un jour, sur ces murs. Et parce que, conformément à l’article 7 du Code d’Honneur du légionnaire, « Au combat (…) tu n’abandonnes jamais ni tes morts, ni tes blessés, ni tes armes », le général leur rappelle que les noms de certains de leurs camarades pourront aussi venir s’inscrire sur ces murs, pour avoir donné leur vie afin de ramener le corps de leurs frères d’armes en France.

Enfin, ce voyage se terminera par un court séjour à l’Institution des invalides de la Légion étrangère, qui accueille les blessés en activité tout autant que les anciens légionnaires handicapés, âgés ou en difficulté. Car dans le contrat moral qui unit la Légion à ses hommes, elle s’engage à ne jamais abandonner les siens.

 

La cohérence entre les paroles et les actes est le socle de confiance de toute organisation humaine.

 

Comparaison n’est pas raison, aussi mon intention n’est pas de promouvoir ce modèle d’organisation auprès des entreprises.

 

Mais en ce 156e anniversaire du combat de Camerone, il me semblait important de rappeler que la cohérence entre les paroles et les actes est le socle de confiance de toute organisation humaine. Cela donne un sens à l’engagement.C’est cela qui avait amené mon jeune légionnaire à ce geste incroyable pour toute personne n’ayant pas connu, de l’intérieur, l’esprit de corps de cette organisation si attachée à incarner, à tous les niveaux hiérarchiques, les valeurs qu’elle promeut.