On ne naît pas chef, on le devient

On entend souvent dire que la génération des « millénials », née après l’an 2000, ne serait pas dirigeable, comme les précédentes. Cela ne me semble pas tout à fait juste, ni vraiment un problème. A chaque génération sa manière de fonctionner, il faut s’y adapter. La jeune génération est tout à fait prête à suivre des leaders, Elle a seulement besoin que ceux-ci lui soient inspirants. Elle apprécie le sport ? Inspirons-nous des grands sportifs ! Apprenons à être les chefs que les plus jeunes nous réclament !

S’il fallait encore démontrer les liens qui unissent le monde de l’entreprise à celui du sport, il n’y aurait qu’à jeter un coup d’œil à ce qui s’est joué lors des troisièmes rencontres du leadership. De grands sportifs, qui ont été champions dans leur discipline, se sont exprimés, aux côtés de grands managers, sur les enjeux que soulèvent les jeunes générations et sur « l’importance des leaders dans le monde du sport comme celui de l’entreprise. »

 

Une question d’esprit plus que de génération

 

Cette nouvelle génération, Patrice Bégay (directeur exécutif Communication et Bpifrance Excellence), la surnomme « génération même pas peur ». Selon lui, « dès qu’on leur parle d’aventure, [ils] sont déjà en train de se projeter. » N’avoir pas peur, être prêt à se jeter dans la bataille à la première hypothèse, c’est une force et une faiblesse. La force du courage, du dynamisme, de la spontanéité. La faiblesse de l’action qui n’est pas précédée par la réflexion ; avec le risque de se jeter aveuglément dans la mauvaise direction. A nous de tirer les enseignements de cette manière d’agir de la plus jeune génération. A nous de tirer le meilleur profit de son engagement spontané, tout en trouvant les moyens de lui enseigner à ne pas se lancer systématiquement tête baissée sans égard pour les conséquences.

Car, remarque Patrice Bégay, entre cette génération et celles qui la précèdent, entre le monde du sport et le monde de l’entreprise, « il y a la même envie d’avancer et d’accélérer ». Apprenons à canaliser cette force, à diriger cet élan.

 

Apprenons à canaliser cette force, à diriger cet élan.

 

Ensemble, on va plus loin

 

« Ensemble on plus va plus vite, ensemble on va plus loin », poursuit Patrice Bégay, qui illustre cette notion avec l’image d’une équipe cycliste. Il y a un leader, mais il y a surtout une équipe, sans laquelle le leader n’irait pas loin. L’équipe est au service d’un champion qui lui fera remporter une étape, une coupe. Sans elle, il n’est rien. Sans lui, elle va moins loin. Cette idée, la jeune génération la partage. Elle concorde également avec la cordée de haute montagne. L’un marche devant, mais il aurait le plus grand mal à arriver au bout sans ses coéquipiers. Notre monde bouge vite, les pratiques évoluent sans cesse, c’est pourquoi l’équipe est utile, chacun apportant à l’autre ce qui lui fait défaut, tous se renforçant des qualités individuelles.

 

On a besoin de leaders

 

« Plus que jamais, on a besoin de leaders », clame Julien Desbottes, président de la JL Bourg, qui est à l’origine de la création des Rencontres du Leadership. Il estime que, dans une morosité, une lassitude générale, il faut, plus que jamais, des leaders qui transmettent de l’énergie. Car c’est aussi cela, être un chef ou un leader, c’est pouvoir donner de l’énergie et de l’envie aux autres. C’est avoir, comme il dit, la « niaque », ce que comprend très bien la jeune génération. Dans le monde du sport, comme dans celui de l’entreprise, on a besoin de leaders, qui aient envie de gagner, de tirer leur équipe vers l’avant, d’aller toujours plus loin.

 

Il n’est pas nécessaire d’être charismatique pour être un chef

 

Devenir un chef

 

« On ne naît pas chef, on le devient », en pratiquant et en se remettant en question. Selon Patrice Bégay, être chef, c’est « être loyal, compétent, avoir confiance, être fiable, avoir du respect. Il faut être de bonne humeur, avoir de la créativité comme de l’implication. Il faut de la transparence, de l’éthique, de l’optimisme. Il faut jouer collectif, être positif et créer. » Et il n’y a aucune obligation à être parfait. Un chef peut se tromper, ainsi que nous l’a enseigné Ernest Shackleton. Seulement, le chef doit toujours se relever, et relever ses hommes.

Enfin, il n’est pas nécessaire d’être charismatique pour être le plus efficace. Quels sont les deux entraîneurs de foot qui ont mené la France au titre de champion du monde ? Ce sont Aimé Jacquet et Didier Deschamps, deux personnalités introverties – comme l’est par ailleurs Zinédine Zidane, dont nous connaissons la réussite en tant que joueur et en tant qu’entraîneur.

Dans l’entreprise comme dans le monde du sport, pour ce qui est du leadership, rien n’est joué d’avance, les cartes peuvent sans cesse être rebattues et chacun peut trouver sa place. Cela, la nouvelle génération l’a bien compris.