Au travail, bienveillance peut rimer avec performance

La bienveillance au travail n’est pas un effet de mode, mais l’une des clés de la performance. Car le mal-être au travail est bien réel, et son coût élevé. Et si veiller au bien des autres, c’était veiller au bien commun ?

Le docteur Philippe Rodet est l’auteur d’un ouvrage intitulé La bienveillance au travail, dont nous trouvons ici une recension synthétique. S’appuyant sur son expérience, ainsi que sur de nombreuses études qui ont récemment mis en lumière le phénomène explosif des risques psycho-sociaux en entreprise, le docteur Rodet s’est attelé à dégager des solutions pour remédier à ces maux. Certaines des clés qu’il fournit concordent tout à fait avec la vision que j’ai d’un management humain.

 

Considérer l’être humain

 

Le stress favoriserait le développement de certaines maladies, nous apprend le docteur Rodet. Mais même sans en arriver là, il faut se dire que trop de stress n’aboutit à rien de bon. Une certaine dose de stress est nécessaire dans toute mission difficile. C’est aussi le cas lorsque l’on passe un concours ou quand on doit finaliser un travail important. Mais une certaine dose seulement : celle qui nous pousse à nous surpasser. Un excès de stress a des conséquences néfastes, pour le succès de l’entreprise poursuivie, et pour les personnes qui y sont exposées.

 

Un bon leader connaît les membres qui forment son équipe et s’intéresse sincèrement à elles.

 

Un bon leader connaît les membres qui forment son équipe et ne les exposera pas à un trop haut niveau de stress. Il est attentif à ce qu’il peut, ou ne peut pas, leur demander.

 

Donner du feedback

 

Respecter les personnes avec qui l’on travaille passe aussi par le feedback, qui est un indispensable outil de management. Donner un retour sur les actions menées permet, en effet, de montrer à une personne (ou à une équipe) que l’on a pris en considération son travail et son effort. C’est aussi ce qui permet une progression constante. J’ai exposé les particularités du feedback positif et du feedback négatif, dont tous deux me semblent aussi importants. Là se trouve une clé de la réussite commune et du bien-être individuel. Ne rien dire est maintenir dans un état de doute, donc de stress, totalement inutile et, à terme, contre-productif.

De la même manière que montrer les points forts d’une mission et les réussites personnelles développe la confiance en soi, accepter ses erreurs la renforce aussi. C’est l’un des enseignements du livre du docteur Rodet. Bien expliquées, des erreurs peuvent être source d’innovation et d’amélioration. A condition, nous dit-il, que l’encouragement accompagne le dévoilement de l’erreur, et que celle-ci soit spécifiquement démontrée.

De la même manière que chaque individu est particulier et unique, chaque erreur est particulière. Gardons-nous de tomber dans la généralisation du type : « tu as toujours été mauvais pour cela », ou, « tu ne sauras jamais faire ceci… » La bienveillance impose la précision et la justesse.

 

Place à la liberté d’entreprise

 

Rien n’est plus gratifiant que de se voir confier une tâche. Quand on confie une tâche à accomplir à quelqu’un, on lui reconnaît implicitement la capacité d’y arriver. A condition que la tâche que je lui confie ne soit pas en-deçà ou au-dessus de ses compétences, je crée de la confiance. Je donne de l’autonomie à mon collaborateur et je fais appel au meilleur de ce qu’il est.

 

Comment pourrait-il exiger des autres ce qu’il ne peut s’appliquer à lui-même ?

 

L’exigence du chef

 

Philippe Rodet évoque encore l’exigence envers soi-même comme un signe de bienveillance. L’exigence envers soi-même est la première qualité d’un chef. Comment pourrait-il exiger des autres ce qu’il ne peut s’appliquer à lui-même ? Nos enfants nous le font assez bien sentir quand nous dévions des préceptes que nous leur avons inculqués. Et ils ont raison. Appliquons-nous d’abord ce que nous souhaitons faire appliquer aux autres.

Ainsi, nous n’oublierons pas que chacun a ses limites. En être conscient et accompagner la personne, à son rythme, vers un pas supplémentaire hors de sa zone de confort, là est la vraie bienveillance.

Appliquée au travail, cette forme de bienveillance entraîne plus de performance.