Diriger en toute humilité

Pour diriger les autres, il faut d’abord se connaître. La connaissance de soi passe nécessairement par l’identification de ses propres forces et fragilités. Si le pape François a été élu « homme de l’année 2013 » par le magazine Time, c’est d’abord parce qu’il a pris sa fonction en toute humilité et placé tout en haut de la pyramide la modestie. C’est cette « révolution douce » qui lui a valu l’estime du plus grand nombre et l’a placé en capacité de mettre en marche de profondes réformes. Un exemple inspirant pour tous les leaders.

 

Le pape, un leader inspirant

 

En juillet 2014, le pape François était le leader international le plus influent sur Twitter. Tant et si bien que l’expert américain du management Jeffrey Krames publia un livre au titre évocateur : Diriger avec humilité : 12 leçons de leadership du pape François. Selon lui, ce qui faisait la première raison du succès de Jorge Mario Bergoglio était sa modestie sans cesse revendiquée.

Jeffrey Krames écrivait donc : « Il pense que l’authentique humilité donne plus de moyens aux dirigeants que n’importe quelle autre qualité de leadership (…). Il ne rate aucune occasion de montrer que l’on n’est jamais trop humble et que l’on peut apprendre à le devenir. » Jeffrey Krames en veut pour preuve que, dès son élection, le pape a refusé de monter sur l’estrade qui l’aurait placée plus haut que les cardinaux.

Par la suite, le pape n’a eu de cesse de répéter, et de montrer, qu’il voulait d’abord servir les plus fragiles et engager avec eux « des conversations en profondeur », d’égal à égal. Ce qui fit écrire à Christiane Rancé, dans la Revue des deux mondes qu’il y a « dans la façon de voir et d’agir du pape beaucoup de ces curés italiens du Piémont du siècle dernier, ce christianisme à la fois pieux et fortement engagé auprès des plus pauvres (…). Une bonhomie pleine de tendresse, pleine de confiance et de fermeté, qui pousse celui qui la reçoit au meilleur… »

 

Si l’humilité est une vertu, c’est qu’elle est éminemment difficile à atteindre

 

S’accepter tel qu’on est

 

Comme je l’ai écrit dans 12 clés de leadership, l’idée n’est nullement de se faire plus petit que l’on est mais d’accepter TOUTES les parts de soi, y compris celles que l’on tente de se cacher à soi-même et de masquer aux autres.

Si l’humilité est une vertu, c’est qu’elle est éminemment difficile à atteindre. Je ne parle pas de la fausse modestie ou de l’humilité feinte, mais de la véritable, qui nous fait admettre nos possibilités et nos limites. Pour diriger, il est nécessaire de connaître ses propres limites, physiques, mentales et psychologiques. C’est-à-dire qu’il faut aussi bien être capable de savoir ce qui nous meut consciemment qu’inconsciemment, dans la mesure du possible. Et qu’il ne sert à rien de chercher à cacher ses failles coûte que coûte.

De même que donner à ses enfants l’image d’un père ou d’une mère à l’armure sans faille ne les aide pas à grandir mais risque de les écraser, un leader ne doit pas avoir à rougir de ses faiblesses. Au contraire, il doit apprendre à les accueillir, pour pouvoir les transformer, et à les utiliser pour en faire une force et permettre à ceux qui le suivent de trouver leur place par leur.humanité.

 

Or, nous avons une manière d’agir sur notre inconscient

 

Jouer sur les fonctionnements non-conscients

 

Cette « bonhomie pleine de tendresse, pleine de confiance et de fermeté » qu’évoque Christiane Rancé est l’apanage juste d’un chef qui a une pleine conscience de ce dont il est capable et de ce qui le limite, et qui nécessite l’aide de son entourage. Etre humble, c’est être dans une forme de confiance qui ne peut que pousser les autres à montrer leur meilleure part, même celle qu’ils ignorent. Car notre être est un iceberg, dont nous n’avons conscience que d’une petite part, la plus grande étant régie par notre inconscient.

Or, nous avons une manière d’agir sur notre inconscient, en retournant nos pensées de manière positive, que celui-ci finit par absorber et faire siennes. Nous avons aussi un moyen d’accéder à l’inconscient de l’autre, en nous plaçant dans une posture d’attention, d’écoute et de bienveillance. Tout cela nécessite une grande humilité, une capacité de se mettre à sa hauteur, en reconnaissant qu’il est un être plein de richesses et de failles, comme nous le sommes nous-mêmes.

Bien diriger, c’est être capable de s’accepter soi, tel qu’on est, et de se présenter ainsi aux autres. Certaines personnes réussissent dans les affaires sans nous inspirer d’admiration. Les leaders inspirants sont ceux qui font de l’humilité leur première vertu et nous montrent ainsi que chacun a le potentiel pour y arriver aussi.