Selon un article du site américain Monster*, plus de huit employés sur dix ont déjà éclaté en sanglots au travail et, dans la moitié des cas, cela est lié à leur relation avec leur supérieur ou avec leurs collègues. Faut-il apprendre à maîtriser ses émotions et cela signifie-t-il qu’il faille s’empêcher de les extérioriser ?
Gérer ses émotions, c’est d’abord les accueillir, les comprendre et être capable de composer avec elles, afin qu’elles ne prennent pas le contrôle de nous-mêmes, mais sans chercher à les étouffer.
Accueillir toutes ses émotions comme le ferait une mère aimante envers son enfant
Tous, un jour ou l’autre, nous avons succombé à une grande colère, nous avons été submergés par la tristesse, la peur ou un état dépressif. Et nous accueillons bien souvent ces émotions comme quelque chose de négatif et de handicapant.
Or, il est nécessaire d’accepter toutes les émotions qui nous traversent, les « bonnes » comme les « mauvaises », la joie comme la tristesse, la colère comme la gratitude. Car toutes font partie intégrante de nous, et toutes ont quelque chose à nous dire de nous-mêmes et de notre relation au monde qui nous entoure.
Alors, ne soyons pas dans le jugement mais dans l’accueil bienveillant, comme le ferait une mère aimante envers son enfant traversé par une émotion.
Commençons donc par accueillir nos émotions comme des alliées et non comme des ennemies
A l’écoute de ses émotions « négatives »
Ce que nous appellerons les émotions « négatives » par souci de simplicité (bien que cette expression soit réductrice, car chaque émotion à son utilité) déclenchent souvent des pensées qui nous agacent, nous fatiguent et peuvent provoquer en nous des troubles corporels et des tensions relationnelles. C’est alors que nous nous en voulons, de ces réactions, quand nous devrions apprendre à les accueillir afin de pouvoir les transformer. Oui, ces réactions ont souvent des effets d’abord délétères sur nous, générant du stress, des douleurs dans le corps et une sensation de fatigue, qui donne parfois l’impression d’être à terre.
Pourtant, si nous les regardons comme des alarmes, nous apprenons à changer radicalement de point de vue et à les considérer comme des signaux qui jouent en notre faveur. Et plus nous apprenons à écouter ces alarmes, moins elles auront besoin de sonner fort pour nous avertir du danger potentiel (surmenage, surinvestissement, mauvaises conditions de travail, situation inacceptable, etc). Commençons donc par accueillir nos émotions comme des alliées et non comme des ennemies.
Soyons doux et bienveillants envers nous-mêmes ; de qui d’autre, d’ailleurs, attendrions-nous que cela vienne ? Car s’agacer de ses émotions n’a aucun sens, chacune, nous l’avons dit, ayant sa raison d’être et son utilité. Cela revient à se blâmer d’une émotion qui vient nous alerter sur un besoin non satisfait. Ne serions-nous pas choqués de voir une mère faire preuve de moquerie ou gronder son enfant qui pleure, là où le besoin de la tristesse est tout simplement d’être réconforté ?
Le chef inspirant est capable d’admettre les failles et les faiblesses de ses coéquipiers, comme les siennes propres
Être capable de réagir
La première « action » est donc, « tout simplement », l’accueil bienveillant de l’émotion, en prenant soin de soi sans jugement. La « ré-action » consistera à comprendre le besoin non satisfait qui est à l’origine de l’émotion, jusqu’à la transformation de cette émotion, puis à modifier la situation ou son regard sur elle, lorsque la personne n’a aucun pouvoir sur la situation. Nous n’avons pas d’intérêt à être pilotés par nos émotions, mais nous n’en avons pas davantage à les nier ou à les étouffer.
Elles adviennent et sont inhérentes à la condition humaine, voilà tout. Apprenons à vivre avec elles, de manière plus sereine mais aussi plus consciente, dans la réaction que nous leur apportons, envers nous comme envers les autres. C’est d’autant plus important pour tout dirigeant ou manager, qui exerce des responsabilités sur d’autres personnes.
Comment pourrais-je accepter chez mon collaborateur une émotion que je juge négativement ou que je ne suis pas capable d’accepter en moi ? Comment pourrais-je lui offrir un regard bienveillant et compréhensif si je ne puis le faire pour moi-même ?
Agir en conscience, c’est avoir un regard pleinement éveillé, ouvert sur soi, sur ce qui s’agite au-dedans et sur le monde extérieur, dont nous sommes co-acteurs, quel que soit notre titre, notre rôle professionnel, ou notre statut.
Le chef inspirant est capable d’admettre les failles et les faiblesses de ses coéquipiers, comme les siennes propres, et ne juge pas défavorablement ceux qui les montrent – souvent malgré eux. Il en est de même dans l’éducation des enfants : ce n’est pas en leur enjoignant d’étouffer leurs émotions mais en leur apprenant à vivre avec et à comprendre de quoi elles leurs parlent que l’on développe le sentiment de sécurité et la confiance en eux.