Management : la magie de l’écoute

Un proverbe africain dit : « écoute, sinon ta langue te rendra sourd ! » L’écoute est indispensable pour comprendre les autres, et aucun chef ne saurait s’en passer. Pour donner aux autres le temps de parole qui leur est nécessaire, il lui faut mesurer le sien. Un bon manager sait non seulement écouter, mais préparer ses prises de paroles. Il mesure le temps.

Un chapitre de l’ebook que j’ai intitulé 12 CLÉS DE LEADERSHIP développe ce sujet. Souvent, nous parlons sans écouter vraiment, soucieux de dire ce que nous croyons plus important que ce que l’autre pourrait dire. Est-ce la preuve d’un jugement sain ? Cela n’est pas sûr, car si nous refusons d’entendre ce que veut nous dire l’autre, c’est peut-être que nous craignons qu’il remette en cause nos certitudes.

Or, celui qui possède vraiment l’assurance, ne craint pas cela. Et un bon chef doit être sûr de ce qu’il dit, pour en assumer toutes les conséquences. C’est à cette condition seule, qu’il pourra permettre aux autres de parler en vérité, qu’il saura donc les écouter et prendre en compte leurs remarques, leurs suggestions, leurs demandes.

 

Le bon chef n’a nulle crainte que ses convictions soient discutées

 

Paradoxalement, il est plus aisé de laisser infléchir son esprit quand on est sûr de soi, que lorsqu’on ne l’est pas. Celui qui n’a pas confiance en lui a tendance à se braquer et camper solidement sur ses positions, par peur d’être ébranlé.

Le bon chef n’a nulle crainte que ses convictions soient discutées, puisqu’il a appris à vivre avec des sentiments et des idées contradictoires, qu’il faut seulement apprendre à organiser. Il sait que l’esprit doit être malléable, car les circonstances sont mobiles, jamais figées. Il sait que la vie est en perpétuel mouvement, créant un enchainement de circonstances qui parfois se percutent ou s’annulent. Mais il est confiant dans les décisions qu’il prend.

 

S’écouter soi-même

 

Apprendre à écouter les autres commence par une écoute de soi-même. Comment pourrais-je écouter vraiment les autres, si je ne sais m’écouter moi-même. S’écouter n’est pas se raconter des histoires, nourrir ses fantasmes et ses lubies et s’abreuver de pensées ou d’interprétations sur les autres. Non, c’est être capable de discerner la vérité de ce que l’on est, soi, avec ses défauts et ses qualités. C’est être capable d’une humilité à son propre égard qui nous rendra bienveillant envers les autres.

Écouter, c’est être centré sur les aspirations profondes de l’autre, et il en est de même pour soi-même. Ce n’est qu’en apprenant à s’écouter que l’on se trouve ré-uni. Et c’est en écoutant les autres de même, que l’on se réunit à eux. C’est là tout le sens de la ré-union. C’est le sens que devraient avoir nos réunions d’entreprises, et ce qu’elles ne sont pas toujours.

 

Le bon leader sait être pertinent et percutant dans ses prises de parole

 

Préparer ses réunions pour ne pas être débordé

 

Certains managers organisent des réunions mais ne savent pas ce qu’ils vont y dire. Ou pas tout à fait. Ils ne sont donc pas prêts à écouter les autres, ayant besoin de s’écouter eux-mêmes. Or, c’est un travail qui doit être fait en amont, ainsi que l’expliquait Adrien Rivierre, dans un article des Echos. Et de citer à l’appui de son propos une étude menée sur 5000 professionnels pendant 5 ans, qu’a analysée Morten Hansen, professeur à Berkeley. « Les leaders les plus performants sont ceux qui parviennent à communiquer avec efficacité leurs idées et convictions. »

Pour parvenir à cela, il faut être capable de synthétiser sa pensée et d’aller à l’essentiel. Ce qui est un long travail d’écoute et de réflexion. Et l’auteur de rappeler la loi du président américain Wilson, qui est apparemment paradoxale : « Si je dois parler 10 minutes, j’ai besoin d’une semaine de préparation. Si j’ai 15 minutes, 3 jours. Si j’ai une demi-heure, deux jours. Si j’ai une heure, je suis prêt maintenant. » Plus nous savons synthétiser notre propos, moins long sera le discours.

Ainsi, le bon leader sait être pertinent et percutant dans ses prises de parole, et ne fait perdre son temps à personne. Plus il travaille en amont, plus il ira vite à l’essentiel. C’est une question de respect et d’efficacité, que l’écoute rend possible. Si je sais ce que je veux dire, je trouve les mots pour le dire. Si je veux savoir ce que j’ai à dire, je dois me concentrer. Si je suis concentré et à l’écoute de moi-même, je le serai aussi envers les autres – et capable de répondre à leurs interrogations, à leurs besoins et désirs.

Sur ce sujet, le travail de leader n’est finalement pas très éloigné de celui de conférencier.

Vous trouverez ici le lien vers l’article des Echos cité : https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/management-pour-etre-ecoute-parlez-moins-131287