Solstice d’hiver : le temps du retour à soi

Ce n’est pas une évidence pour tous, pris comme nous le sommes par nos vies citadines souvent très éloignées des mouvements de la nature, mais nous appartenons bien à un ordre supérieur qui rythme notre vie physiologique. L’astre solaire et la lune ont une influence indéniable sur notre vie.

Et si nous profitions de cette période de longues nuits, qui entourent le solstice d’hiver, pour nous recentrer sur nous-mêmes et laisser mûrir les projets que la nouvelle année nous permettra de mettre en œuvre, le moment venu ?

 

Nous sommes soumis à l’influence des corps célestes

 

L’influence de la lune et du soleil sur le vivant n’est plus à démontrer. Nous savons depuis longtemps combien le cycle de la lune est proche du cycle de la femme, sur lequel ses effets ont été étudiés. Nous savons quelle influence le plus gros satellite de la Terre a sur les marées, et que sans ce corps gigantesque qui tourne autour de nous, la vie sur Terre ne serait pas possible.

En effet, c’est l’attraction lunaire qui permet à la Terre de rester sur son axe, donc aux saisons d’exister, au climat de se réguler.

Le soleil autour duquel tourne notre planète nous donne la lumière et la chaleur nécessaires à l’apparition de la vie. Au cours de la période où il apparaît autant qu’il disparaît, sous nos climats tempérés, soit entre les deux équinoxes (qui signifie que la nuit est égale au jour), le processus de photosynthèse demeure à l’œuvre et les plantes transforment les photons lumineux en énergie nutritive.

Ces cycles naturels sont de plus en plus étudiés et intéressent particulièrement les agriculteurs, dont beaucoup travaillent aujourd’hui en biodynamie, surtout pour la production du vin, qui est une manière de prendre en compte l’influence invisible des planètes et des constellations sur le vivant. Car même si cela nous paraît sans effet, nous sommes nous aussi soumis aux périodes lunaires et solaires.

 

Aux origines était la nuit, mais au commencement, il y eut la lumière

 

Depuis la nuit des temps

 

Cette expression un peu galvaudée est pourtant tout à fait signifiante. Aux origines était la nuit, mais au commencement, il y eut la lumière. Lumière solaire sans laquelle aucune vie ne serait possible. Mais sans l’astre lunaire, qui symbolise la nuit, la vie serait également impossible sur Terre. Il n’y aurait pas de saison, une partie de la Terre serait sous le feu d’un soleil sans merci, l’autre partie sous une glace brûlante. Comme Vénus, la Terre changerait d’axe constamment. Ces deux pôles opposés nous sont donc nécessaires.

Les anciens le savaient « depuis la nuit des temps », c’est pourquoi les solstices et les équinoxes ont été célébrés, aussi loin que remonte la mémoire humaine. Le monument mégalithique de Stonehenge en Angleterre, où les premières pierres auraient été posées au troisième millénaire avant notre ère, le prouverait, bien que les raisons de cet alignement soient toujours discutées. Quoi qu’il en soit, tous les rites païens incluaient des divinités solaires et lunaires et des cérémonies lors des équinoxes et des solstices. La religion chrétienne n’a pas choisi les dates de Noël et de la Saint Jean par hasard, mais bien en fonction des dates des deux solstices.

 

Le retour des saisons à intervalle régulier nous offre un rythme et un repère incomparables

 

L’importance du rythme des saisons et de la nature

 

Pour nous qui sommes nés sous des latitudes tempérées, le rythme des saisons est primordial. Il organise notre vie sociale, il organise la vie professionnelle de ceux dont le métier est directement lié à la terre, il organise aussi notre vie intérieure. Le retour des saisons à intervalle régulier nous offre un rythme et un repère incomparables.

Plus enclins à sortir lorsque les soirées sont longues et chaudes, nous sentons à l’inverse un besoin de retour à notre intériorité lorsque le jour le cède à la nuit. Ce besoin de laisser descendre notre énergie, comme la sève des arbres vers leurs racines, pour renforcer nos ressources intérieures et se retrouver en soi-même est tout à fait naturel.

Notre activité sociale est moins vive et notre énergie plus intériorisée, nous offrant ainsi le temps de mûrir les réflexions et les projets que nous mettrons en œuvre lorsque le temps sera plus propice à leur épanouissement. A l’image des arbres qui entrent en paradormance lorsque l’automne survient et que les nuits deviennent progressivement plus longues que les jours, nous devons « retenir en nous les souffles vitaux », comme le préconisent les textes anciens de médecine chinoise.

Si les arbres paraissent sans vie lorsqu’ils ont perdu leurs feuilles, une activité complexe et essentielle se met pourtant en place, leur permettant de réparer, pendant l’hiver, les dommages causés dans leurs fibres et les préparant à accueillir de nouveau la montée de sève au printemps.

 

Le solstice d’hiver est annonciateur d’une nouvelle année

 

La mise en retrait avant le renouveau qui s’annonce

 

Comme ces êtres puissants dont la force de résilience est exemplaire, nous avons, nous aussi, besoin de temps de mise en retrait, de retour en nous-mêmes. Ces moments de « non-agir » sont féconds et créateurs, car ils permettent de puiser dans nos racines intérieures la force sans laquelle nous épuiserions notre énergie.

Prenons donc cette période de courtes journées pour une chance, celle de revenir en soi-même et d’apprendre à y être bien. C’est à cette condition et en se centrant sur son axe terre-ciel intérieur, que nous pouvons offrir au monde notre parfum individuel unique, avec lequel il nous faut d’abord apprendre à nous familiariser.

Le solstice d’hiver est annonciateur d’une nouvelle année. Chez les Amérindiens, cette nuit, la plus longue de l’année, symbolise le passage de l’ombre à la lumière. Je rencontre actuellement de nombreuses personnes fatiguées dans les organisations que nous accompagnons. Certains, souvent dirigeants et managers, ont plus de mal à (se) l’avouer. Bien sûr, les tensions sociales du moment et leurs répercussions sur la vie des entreprises (on pourrait même parler de survie pour certaines petites entreprises) n’y sont pas étrangères. Mais, si vous êtes attentifs, vous remarquerez que cette fatigue est récurrente en cette période de l’année.

Alors ne cherchons pas à nier ce qui est, ni à contrecarrer l’influence du rythme de la nature sur notre fonctionnement physiologique. Ne voyons pas la saison froide et gagnée par la nuit comme une manière de nous isoler du monde, mais au contraire, comme un moyen de nous préparer au renouveau, en laissant mûrir lentement les projets. Viendra le temps où nous cueillerons les fruits de ce que nous avons semé maintenant dans notre terre intérieure.