Transformation digitale des entreprises : l’humain d’abord

La digitalisation des métiers demeure un sujet important, mais passe désormais après les problématiques de RSE. D’après June Partners et Eurogroup Consulting, les dirigeants d’entreprise sont aujourd’hui plus préoccupés par les dimensions sociale, environnementale et sociétale, remisant la transformation digitale des entreprises au second plan. Car les collaborateurs réclament du sens, des actions alignées sur une raison d’être qui contribue à un futur choisi et non subi. Les dirigeants d’entreprises semblent l’avoir compris, et c’est tant mieux.

 

Les ressources humaines au cœur de la transformation des entreprises

 

Marc-Antoine Cabrelli, patron de June Partners, qui vient de révéler son premier baromètre “Performance et transformation” des PME et ETI françaises, en partenariat avec Viavoice, est très clair : “le principal enjeu, c’est le capital humain”. Avant les critères financiers, les premiers leviers de performance sont, pour la majorité des dirigeants de PME et d’ETI “la motivation des équipes” et “l’organisation interne”.

Plus d’un tiers d’entre eux disent avoir mis en place des plans de transformation, qui sont principalement de réorganisation interne. Pourtant, nous sommes loin d’uniques problématiques techniques. Une transformation organisationnelle réussie est le plus souvent précédée d’une phase de transformation culturelle, qui devra être portée et incarnée à tous les niveaux de la hiérarchie, en commençant par le haut. Quant à la transformation digitale des entreprises, elle est une évidence, une adaptation nécessaire à l’évolution de l’environnement, mais qui ne doit pas empêcher l’outil d’être au service de l’homme, non l’inverse.

 

Le capitalisme désincarné et financiarisé est de plus en plus rejeté

 

Rejet d’une forme de capitalisme débridé

 

Le capitalisme désincarné et financiarisé est de plus en plus rejeté, nous le constatons chaque jour. Les gens ont à cœur de donner du sens à leur travail, et le salaire n’est plus une motivation suffisante, comme le prouvent nombre d’études sur le sujet.

Ce sont aujourd’hui les salariés, les collaborateurs, et la jeunesse qui arrive sur le marché de l’emploi, qui donnent la tendance à suivre aux dirigeants, car nous sommes dans un monde en plein mouvement, que les créations d’entreprises n’ont jamais été si nombreuses et que de plus en plus de salariés préfèrent travailler à leur propre compte ou pour une entreprise plus petite mais plus responsable, que pour de grands groupes qui ne se préoccuperaient pas des questions de société, notamment environnementales.

 

Les collaborateurs ne veulent plus aujourd’hui subir

 

De nouveaux modes de travail

 

Les temps ont changé, les entreprises se sont adaptées, pour la plupart, à leur époque. Or, les collaborateurs ne veulent plus aujourd’hui subir. Ils ne veulent plus subir des directives qui n’auraient pas de sens, pas plus qu’ils n’acceptent de subir un avenir qui serait la conséquence de nos manques de conscience.

L’urgence environnementale est dans toutes les têtes, les prises de conscience sont de plus en plus évidentes et les collaborateurs veulent aussi pouvoir agir à travers leur travail. Pour cela, ils attendent de la cohérence, de l’alignement entre le discours et les actes et réclament également de l’autonomie sur leur manière de remplir leurs missions.

 

Nous n’avons pas une manière d’agir à la maison, une autre au travail, qui seraient sans lien

 

Une époque en quête de sens

 

Le président d’Eurogroup Consulting l’a affirmé dans les Echos : “les dirigeants « commettraient une erreur incroyable en dissociant les quatre grands enjeux pour leur entreprise que sont la transformation environnementale, la révolution numérique, la dimension sociale et l’implication sociétale. »”

Nous constatons bien quelle place a pris ce que l’on désigne comme la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE), qui est loin d’être un vain mot. Il est devenu contre-productif, aujourd’hui, de tenter d’enfumer ses collaborateurs ou ses clients avec des opérations de communication. Car les collaborateurs comme les clients veulent voir et faire des choses qui aient du sens, et appellent donc des actes en cohérence avec les discours. Des actes, qui aillent d’abord vers un mieux-être quotidien et vers une plus grande prise en compte des problématiques sociales et environnementales.

Nous n’avons pas une manière d’agir à la maison, une autre au travail, qui seraient sans lien. Nous sommes des êtres entiers, qui voulons que nos actions en famille et dans notre quotidien, ne soient pas en contradiction avec ce que l’on nous demande de faire dans l’entreprise.

Si nous considérons notre prochain avec l’humanité qu’il mérite et que nous tâchons de modifier nos habitudes de consommation pour être plus responsables, on ne peut pas nous demander au travail d’écraser notre voisin, de maltraiter l’environnement ou de livrer une guerre déloyale à notre concurrent.

C’est ce que pensent et disent de plus en plus de personnes, si l’on en croit les dernières études. Et il n’y a pas de raison de ne pas les croire, car nous voyons bien qu’un mouvement de fond est en cours, qui tend à repositionner le sens au-dessus de toutes les valeurs, et de rendre à l’humain la juste place qui lui revient.