Comment manager une équipe difficile ? Vos équipes vous déplaisent ? Faites évoluer vos manières d’être et de faire !

«Mieux vaut une armée de cerfs commandée par un lion qu’une armée de lions commandée par un cerf»

Pour autant, on pense souvent qu’un manager a besoin d’une équipe excellente pour parvenir à des résultats excellents. Ce n’est que partiellement vrai, et j’ai eu maintes fois l’occasion de vérifier le rôle CLÉ joué par le manager dans le niveau d’excellence de son équipe, y compris avec des équipiers.ères qui ne semblaient pas au niveau, initialement.

Je me souviens notamment d’une journée de tests, dans les Forces Spéciales, où nous faisions enchaîner des exercices collectifs de différentes natures à une douzaine d’équipes. En milieu de journée, deux équipes se distinguaient très nettement des concurrentes, deux autres occupaient la queue du peloton.

J’ai alors suggéré aux instructeurs d’intervertir les leaders. Les deux derniers prendraient chacun le commandement d’une des deux meilleures équipes, tandis que les leaders de celles-ci rejoindraient les deux dernières équipes du classement. Je ne savais vraiment pas à quoi m’attendre et j’étais curieux de découvrir le résultat que produiraient ces changements d’organisation dans l’après-midi.

Il fut impressionnant ! En fin de journée, l’une des deux dernières équipes du matin terminait première au classement général et l’autre se plaçait dans le premier tiers …

 

Vous êtes une clé essentielle de l’excellence de vos équipes

 

Alors oui, dirigeants et managers, vous êtes une clé essentielle de l’excellence de vos équipes, même si tout ne repose évidemment pas sur vous. Et l’histoire est remplie de grands capitaines qui sont parvenus à tirer la quintessence de leurs équipes en prenant appui sur leurs propres ressources intérieures.

C’est sans doute ce qui explique le dicton :

« Mieux vaut une armée de cerfs commandée par un lion
qu’une armée de lions commandée par un cerf 
».

Et, pour revenir aux grands capitaines de l’histoire, beaucoup d’entre eux n’ont pas hérité d’une « bonne » armée selon les critères militaires. Certains n’avaient même pas d’armée et ont dû la créer avec les modestes ressources dont ils disposaient.

Je songe notamment à Jan Žižka, ce héros tchèque peu connu (lire l’article sur Jan Žižka en suivant ce lien), qui a conduit une armée de paysans de Bohême, hommes et femmes, avec laquelle il a remporté de grandes victoires sur les redoutables chevaliers Teutoniques.

Plus connu des militaires français et plus contemporain, le général Vo Nguyên Giàp, le grand chef de guerre vietnamien qui a défait l’armée française en Indochine et renvoyé dans ses pénates l’armée américaine, la plus puissante du monde à cette époque, avec une armée majoritairement composée, là encore, de paysans.

Gengis Khangrâce à ses talents politique et militaire, bâtit à partir de simples tribus d’hommes à cheval, le plus grand empire connu de tous les temps.

Stratèges et meneurs d’hommes, ces leaders ont su s’appuyer sur les points forts de leurs équipes, les ont formées et conduites au niveau d’excellence des armées victorieuses.

Hannibal, pour sa part, n’a pas été obligé de former son armée à partir de rien, mais il disposait d’un appareil militaire inférieur à son adversaire avec des marges de manœuvres très réduites. Il avait une armée moins nombreuse que l’armée romaine.
En outre, à la différence des romains, sa troupe était constituée de mercenaires, donc peu apte à une guerre longue et frontale. Ne pouvant pas défier Rome sur la Méditerranée, il réalisa l’exploit d’envahir par la terre, amenant sa troupe, avec ses éléphants, à traverser les Alpes !

Il était capable de faire évoluer sa stratégie même après une victoire et d’intégrer en permanence des apprentissages à partir de la manière de combattre de son adversaire. La bataille de Cannes, remportée par Hannibal, est considérée comme un chef d’œuvre tactique et est encore étudiée dans les écoles militaires de nos jours.

Sans son audace et son intelligence stratégique, ses hommes n’auraient pas remporté autant de victoires face aux puissantes légions romaines.

Ces grands capitaines ont au moins trois points communs

• La capacité à exploiter les points forts et qualités de leurs équipes
• Le choix de former les hommes et femmes qui composent leurs armées afin d’accroître leur aptitude opérationnelle
• Une vision stratégique claire et partagée, afin d’éclairer la troupe en permanence

 

Vos équipes vous ressemblent

 

« A la guerre, les hommes ne sont rien, c’est un homme qui est tout ».

Cette citation de Napoléon rappelle l’importance du chef au combat, car c’est de sa capacité à faire manœuvrer rapidement et efficacement son unité que dépend bien souvent l’issue.

Certes, l’armée n’est pas l’entreprise et la guerre, dans son acception militaire, n’est pas la guerre économique. Mais la nature humaine demeure la même dans ces deux univers.

Mes collaborateurs sourient quand je rappelle que :
«L’on balaie un escalier en commençant par le haut».

C’est pour cette raison que mes accompagnements de
« trans-formation »
 des entreprises commencent toujours par le dirigeant et/ou son équipe de direction, qu’il dirige une PME ou une entreprise du CAC 40.

Et je peux vous confier que chaque fois que je pousse les portes d’une entreprise pour les accompagner vers l’atteinte de leurs objectifs, que le dirigeant soit un homme ou une femme, je suis frappé, la plupart du temps, par la ressemblance des équipes avec leur manager.

Si ce dernier est désorganisé, l’équipe est souvent désorganisée, elle aussi ; s’il est stressé, les équipes sont stressées dans la majorité des cas ; mais cela fonctionne tout autant en sens inverse : que le manager soit humain, performant, épanoui, et les équipes lui ressembleront dans ces qualités.

Ensuite, lorsque le processus de changement est engagé, c’est logiquement que je constate l’influence du changement de manières d’être et de faire du dirigeant (et/ou manager) sur (les)l’équipe(s).

 

L’importance de ce qui est caché : qualités intérieures et vertus morales

 

Les figures historiques décrites précédemment sont, pour moi, très évocatrices, non seulement en tant qu’ancien officier mais également en raison de mon expérience de l’accompagnement des transformations d’organisations.

Car ces chefs n’ont pas seulement fait preuve de grande intelligence stratégique, ils ont aussi, très souvent, témoigné de qualités morales qui les élevaient au-dessus des autres.

Dans ces époques brutales, leur rayonnement a souvent émané de vertus morales comme la justice (même s’ils étaient souvent le juge et le bras armé, c’est vrai), le respect, y compris de leurs adversaires, le courage et une grande magnanimité avec leur entourage, jusqu’à pardonner parfois les plus grandes fautes et trahisons.

Le conflit en Ukraine a remis le thème de la guerre sur le devant de la scène internationale et les médias modernes ont souvent tendance à évaluer la puissance des armées de façon quantitative, par le nombre et la sophistication de l’armement. C’est oublier que l’histoire nous a apporté divers exemples de grands leaders ayant remporté de retentissantes victoires avec peu de moyens, et aussi que ces succès tenaient principalement à la qualité des chefs en présence.

En entreprise, aujourd’hui, nous voyons encore régulièrement se répéter l’histoire de David et Goliath. Et la figure de David n’est pas seulement celle d’un chanceux ou de l’élu de Dieu, mais celle d’un être humain doté de courage pour prendre des décisions et assumer des risques, de vision pour montrer la voie, d’écoute pour accepter les propositions alternatives et de cœur pour amener ses équipes à exprimer leur meilleur potentiel.

Les grands Hommes sont capables de transmettre à leurs troupes la confiance en elles-mêmes. Par leurs vertus personnelles, ils suscitent l’envie du dépassement de soi, ils font ressentir à leurs subordonnés la dignité, la fierté, l’appartenance à un collectif fort, sensé et valorisant.

Je passe ici un peu vite sur des termes qui ne sont pas tout à fait des synonymes : dans le monde ancien appelées vertus, les qualités personnelles aujourd’hui dénommées « soft-skills », constituent la racine de cette transformation intérieure qui fait la différence dans les comportements et les actions et qui inspirera et transformera vos équipes.
Parmi les « soft-skills » les plus importants pour un dirigeant ou manager, l’écoute constitue une attitude qui capitalise la valeur de l’équipe.

Elle est aujourd’hui véritablement mise en valeur dans les entreprises à succès.

Elle était tout aussi importante pour Napoléon :

« A la guerre, seul le chef comprend l’importance de certaines choses, et peut seul, par sa volonté et par ses lumières supérieures, vaincre et surmonter toutes les difficultés. Un gouvernement collectif a des idées moins simples et est plus long à se décider. Ne tenez point conseil de guerre mais prenez l’avis de chacun en particulier ».

Notre attrait pour la démocratie nous conduit à considérer un peu facilement que la base irrigue et donne de la valeur à toute la pyramide ; or nous avons tendance à oublier la valeur qu’un excellent chef peut apporter à son organisation.

 

Pour conclure…

 

Je vous souhaite de vous ressourcer, de profiter de vos familles et de vous reposer pendant vos congés.

Et, sur la voie vers d’excellents résultats en équipe(s), d’être un(e) chef/manager/capitaine magnanime, agissant en conscience, tourné vers l’humain et l’excellence.

Bel été à chacune et chacun.